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Vu
le contexte Yannick Jadot devrait s’imposer comme une évidence. Et ce
n’est pas le cas. Pourtant les conditions sont réunies.
Bien des forces de gauche sont prêtes à accompagner les Verts puisqu’il est acquis que l’écologie sera l’étalon de leur renouveau. Mais une fois que l’on a établi cet état des lieux en faveur des écologistes… tout reste à faire !
Un exemple frappant de l’immense complexité de l’équation que doit résoudre l’écologie politique : l’aéronautique. Le gouvernement impose à Air France une condition environnementale pour être refinancé: réduire les vols intérieurs. Une condition, en réalité, pas très impressionnante mais qui a le mérite de montrer ce que doit être le transport de demain.
Hier, Yannick Jadot était à notre micro. Quand vous lui avez demandé, Léa et Nicolas (fort à propos), ce qu’il aurait fait, lui, pour sauver Air France, il n’a pas su être précis. Mais il a défendu François Bayrou qui proteste contre la réduction des liaisons aériennes Paris/Pau. Allez comprendre ! Pourtant c’est le moment d’être limpide et d’avoir un propos qui tranche ou alors –au contraire- qui assume la complexité et concilie des impératifs opposés.
L’exemple aéronautique est significatif… La seule façon, pour l’instant, de rendre une compagnie aérienne écoresponsable serait de réduire volontairement drastiquement le nombre des vols. C’est un discours économiquement et socialement inaudible ! Mais s’ils décidaient de mettre de l’eau dans leur vin, par pragmatisme, les écologistes se retrouveraient alignés sur le gouvernement. Et visiblement ce serait un drame, tactique qu’ils refusent. La position des Verts est donc impossible sans message et messagers assez affirmés et clairs pour tracer un chemin honnête pas forcément populaire au premier abord. D’autant qu’une telle politique pour l’aéronautique ne serait acceptable pour un pays que si le reste du monde la pratiquait. Personne, pour l’instant, n’a cette dimension et cette force de conviction. Il n’y a pas de géant vert ! En France, Nicolas Hulot, Yannick Jadot ne s’en sortent pas. Ils sont toujours dans l’inextricable. D’ailleurs, nulle part les écologistes au pouvoir n’ont encore su combiner exigences sociales et environnementales.
Nulle part ?
Non… restons sur la question aérienne ! En matière d’écologie, quand la France se regarde, elle se désole, quand elle se compare, elle se console…un peu… Ainsi, les Verts sont au gouvernement en Suède ! La SAS recevra des aides de l’Etat sans aucune condition. Les écologistes font partie de la coalition en Autriche et n’ont toujours rien imposé sur le sujet aérien.
Élargissons… En Espagne, PODEMOS affiche une forte identité verte et refuse pourtant de soutenir la proposition de Paris de baisse de pesticides dans l’Union… La construction intellectuelle d’une alliance évidente entre l’écologie et le social est séduisante… Mais en réalité personne ne sait encore la pratiquer… ni même l’expliquer, hormis peut-être pour l’agriculture. Ça viendra… comme souvent dans l’histoire, ce seront sans doute les circonstances (avec un prix social d’autant plus fort qu’il n’aura pas été négocié à temps) qui imposeront les solutions écologiques nécessaires.
Edito politique de Thomas Legrand du 19 MAI 2020
"Écologie, le Géant vert n'existe pas"
Bien des forces de gauche sont prêtes à accompagner les Verts puisqu’il est acquis que l’écologie sera l’étalon de leur renouveau. Mais une fois que l’on a établi cet état des lieux en faveur des écologistes… tout reste à faire !
Un exemple frappant de l’immense complexité de l’équation que doit résoudre l’écologie politique : l’aéronautique. Le gouvernement impose à Air France une condition environnementale pour être refinancé: réduire les vols intérieurs. Une condition, en réalité, pas très impressionnante mais qui a le mérite de montrer ce que doit être le transport de demain.
Hier, Yannick Jadot était à notre micro. Quand vous lui avez demandé, Léa et Nicolas (fort à propos), ce qu’il aurait fait, lui, pour sauver Air France, il n’a pas su être précis. Mais il a défendu François Bayrou qui proteste contre la réduction des liaisons aériennes Paris/Pau. Allez comprendre ! Pourtant c’est le moment d’être limpide et d’avoir un propos qui tranche ou alors –au contraire- qui assume la complexité et concilie des impératifs opposés.
L’exemple aéronautique est significatif… La seule façon, pour l’instant, de rendre une compagnie aérienne écoresponsable serait de réduire volontairement drastiquement le nombre des vols. C’est un discours économiquement et socialement inaudible ! Mais s’ils décidaient de mettre de l’eau dans leur vin, par pragmatisme, les écologistes se retrouveraient alignés sur le gouvernement. Et visiblement ce serait un drame, tactique qu’ils refusent. La position des Verts est donc impossible sans message et messagers assez affirmés et clairs pour tracer un chemin honnête pas forcément populaire au premier abord. D’autant qu’une telle politique pour l’aéronautique ne serait acceptable pour un pays que si le reste du monde la pratiquait. Personne, pour l’instant, n’a cette dimension et cette force de conviction. Il n’y a pas de géant vert ! En France, Nicolas Hulot, Yannick Jadot ne s’en sortent pas. Ils sont toujours dans l’inextricable. D’ailleurs, nulle part les écologistes au pouvoir n’ont encore su combiner exigences sociales et environnementales.
Nulle part ?
Non… restons sur la question aérienne ! En matière d’écologie, quand la France se regarde, elle se désole, quand elle se compare, elle se console…un peu… Ainsi, les Verts sont au gouvernement en Suède ! La SAS recevra des aides de l’Etat sans aucune condition. Les écologistes font partie de la coalition en Autriche et n’ont toujours rien imposé sur le sujet aérien.
Élargissons… En Espagne, PODEMOS affiche une forte identité verte et refuse pourtant de soutenir la proposition de Paris de baisse de pesticides dans l’Union… La construction intellectuelle d’une alliance évidente entre l’écologie et le social est séduisante… Mais en réalité personne ne sait encore la pratiquer… ni même l’expliquer, hormis peut-être pour l’agriculture. Ça viendra… comme souvent dans l’histoire, ce seront sans doute les circonstances (avec un prix social d’autant plus fort qu’il n’aura pas été négocié à temps) qui imposeront les solutions écologiques nécessaires.
L'équipe
- Thomas Legrand
Éditorialiste politique à France Inter