Il y a dix ans, en 2008, la France comptait encore 514 000 agriculteurs. Aujourd'hui, ils sont 448 500.
Par AFP -
29 janv. 2019 à 06:50
| mis à jour à 06:50
Le pays "perd entre 1,5% et 2% de
chefs d’exploitation par an", a indiqué un responsable de la MSA, selon
lequel cette érosion est "assez régulière". Photo d'illustration Julio
Pelaez
Le nombre total d’agriculteurs continue de baisser en France,
en raison notamment de l’extension de la taille moyenne des
exploitations et du développement de l’urbanisation et des forêts, selon
des statistiques publiées par la MSA lundi.
Le nombre de chefs
d’exploitation agricole s’est réduit à 448 500 (-1%) en 2018. En 2017,
il s’élevait encore à 453 000, et en 2016 à 462 000, a précisé la MSA,
le régime de sécurité sociale des agriculteurs (santé, retraite,
emploi).
Il y a dix ans, en 2008, la France comptait encore 514 000 agriculteurs.
Le
pays "perd entre 1,5% et 2% de chefs d’exploitation par an", a indiqué
un responsable de la MSA, selon lequel cette érosion est "assez
régulière".
"Les installations de nouveaux agriculteurs ne
compensent toujours pas les départs, c’est systématique chaque année",
a-t-il précisé.
L’érosion est due principalement à deux facteurs.
Lors des départs en retraite, les exploitations ne sont pas reprises une
pour une, de nombreuses commissions départementales chargées
d’attribuer les terres privilégiant les agrandissements d’exploitation.
L’artificialisation des terres en zones péri-urbaines et l’augmentation
des forêts en général en France contribuent aussi à réduire le nombre
d’exploitations.
"Il est à noter qu’il n’y a pas eu de baisse
accélérée du nombre d’exploitants agricoles au cours des quatre
dernières années malgré la crise", qui "n’a pas causé d’hémorragie de
cessations d’activité", a relevé le responsable de la MSA.
Hausse des installations en 2017
La
MSA a aussi détaillé les chiffres des installations de nouveaux
agriculteurs, qui sont reparties en légère hausse en France en 2017
(+1,2%) après un recul de 6,2% en 2016.
Les chiffres d’installations pour 2018 de la MSA ne seront pas rendus publics avant juillet.
Mais
d’ores et déjà, le syndicat des jeunes agriculteurs JA et la FNSEA se
sont félicités dans un communiqué de l’augmentation du nombre
d’installations aidées en 2018, un dispositif d’accompagnement ouvert à
tous les porteurs de projet dont ils sont à l’origine. "Notre travail
sur l’installation paye", ont-ils jugé dans un communiqué.
Selon
les chiffres de la MSA, 14 319 nouveaux agriculteurs ou agricultrices se
sont installés en 2017, soit 173 de plus qu’en 2016.
Les deux
tiers (9 533) avaient moins de 40 ans, la barre qui détermine le statut
de jeune agriculteur et permet d’accéder aux aides européennes (+3,1%).
Par
effet de balancier, et contrairement aux années précédentes, les
«installations tardives ne résultant pas d’un transfert entre époux» ont
baissé (-4%) et représentent désormais 25,6% des installations
réalisées (contre 27% en 2016).
Ces installations tardives, qui
avaient le vent en poupe ces dernières années, correspondent le plus
souvent à des urbains ou professionnels en deuxième partie de vie
professionnelle ne possédant pas de terres, mais diplômés en agriculture
ou agronomie et porteurs de projets précis et innovants.
Nouvelles niches de production
La
légère hausse des installations provient aussi de la modification des
règles en 2015 qui a permis d’inclure dans la famille des agriculteurs
des niches de production qui en étaient autrefois exclues.
"Les
critères d’affiliation pour pouvoir prétendre au titre de chef
d’exploitation ont été assouplis pour permettre d’inclure de toutes
petites exploitations avec très peu de terres, où le nombre d’heures de
travail est conséquent et qui procurent un revenu décent", a commenté un
responsable de la MSA.
Ainsi des élevages de lombrics,
d’insectes pour l’industrie pharmaceutique, des sites de production
d’algues ou d’herbes aromatiques sont désormais considérés comme des
exploitations agricoles.
Avec les nouvelles règles d’affiliation
plus souples, les installations de nouveaux agriculteurs, qui
s’établissaient en moyenne autour de 13 000 par an avant 2015, ont
brusquement gonflé à 15.100 en 2015, rappelle la MSA. Cette année-là,
quelque 1 800 petites entreprises avaient ainsi été intégrées.
Les
statistiques montrent aussi que la superficie moyenne par exploitation
agricole augmente sensiblement: elle était de 65 hectares en moyenne en
2017, contre 64,4 hectares en 2016. Alors que chez les jeunes, la
superficie moyenne n’est que de 37,1 hectares.