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À mi-mandat, le Réseau action climat (RAC) dresse le bilan climatique d’Emmanuel Macron. Si le président de la République s'est à plusieurs reprises illustré sur la scène internationale, dans l’Hexagone, de nombreux indicateurs sont au rouge et les belles promesses tardent trop à se...
La sentence est tombée : la France n’est pas sur la bonne voie pour lutter efficacement contre le changement climatique. C’est la conclusion sévère du premier rapport du Haut conseil pour le climat sur l’évaluation des politiques publiques remis en plein épisode caniculaire. L’instance a...
Publié le 21 janvier 2020
ENVIRONNEMENT
Feuille de route climat : la France abaisse ses ambitions sur les émissions de CO2
Le gouvernement vient de publier sa Stratégie
nationale bas-carbone (SNBC) et sa Programmation pluriannuelle de
l’énergie (PPE), toutes deux révisées à l’aune de l’objectif de
neutralité carbone en 2050 fixé par la France. Ces documents, qui jouent
le rôle de boussole climatique, sont mis en consultation publique
jusqu’au 19 février mais font d’ores et déjà l’objet de critiques.
Incapable de tenir ses engagements, la France a décidé de revoir à la
hausse ses émissions de CO2 autorisés jusqu'en 2023.
Entre 2024 et 2028, l'effort de réduction des émissions sera considérable pour rattraper notre retard.
@CC0
Dans sa Stratégie
nationale bas-carbone (SNBC) révisée, mise en consultation jusqu’au 19
février (1), l’exécutif a choisi de relever le deuxième budget carbone
de la France pour la prochaine période 2019-2023. En clair, cela va
permettre à la France d’émettre plus de CO2 que prévu, alors que la
tendance devrait être à la baisse. "Comme
prévu, la feuille de route climat du gouvernement prévoit une hausse du
budget carbone 2019-2023, malgré l'avis du Haut conseil pour le climat, regrette Anne Bringault, coordinatrice des ONG sur la transition énergétique au Réseau Action Climat (RAC). C’est un très mauvais signal pour respecter l'Accord de Paris."
Tout l’effort est concentré sur 2024-2028
Cette annonce n’est pas une surprise. Dans sa réponse au rapport du Haut conseil pour le climat, dévoilée la semaine dernière, Édouard Philippe avait déjà fait savoir que "dans un souci de sincérité", le budget carbone 2019-2023 sera bien augmenté. Dans le détail, il passe à 422 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne par an, contre 398 millions prévus initialement en 2015.
En cause, un dépassement qui aurait pu atteindre les 6 % alors que le premier budget carbone avait déjà été dépassé de 3,7 %. "Cela conduit donc à réviser dans la présente stratégie le niveau global du deuxième budget carbone ainsi que sa répartition sectorielle, en ligne avec le nouveau scénario de référence et dans un souci de transparence, sans remettre en cause la capacité de la France à tenir ses engagements européens et internationaux", précise le document.
Sauf que cet ajustement est prévu pour être compensé au cours du troisième budget carbone, qui couvre la période 2024-2028. Celui-ci reste quasi inchangé par rapport à la première SNBC de 2015 à 359 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne annuelle. Cela signifie qu’entre 2024 et 2028, il faudra baisser nos émissions de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent, contre 41 millions prévus initialement, soit une baisse de 50 % supplémentaire. Un effort qui semble peu réaliste. À titre de comparaison, entre 2015 et 2018, nous avons réduit nos émissions de seulement 13 millions de tonnes.
14 réacteurs fermés et six nouveaux
De son côté, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) révisée (2) acte la baisse de la part du nucléaire à 50 % dans le mix électrique d'ici 2035 et la fermeture de 14 réacteurs, dont ceux de la centrale de Fessenheim. "Le principe général sera l’arrêt des 12 réacteurs (hors Fessenheim) au plus tard à l’échéance de leur cinquième visite décennale", précise le document, et "sauf exceptions, la décroissance du parc nucléaire ne devra conduire à l’arrêt complet d’aucun site nucléaire." La PPE ouvre par ailleurs la voie à la construction de six nouveaux EPR.
"La PPE est fidèle au principe de ce gouvernement : 'make nucléaire great again'", regrette Alix Mazounie de Greenpeace. Le texte prévoit également une baisse de la consommation finale d'énergie de 16,5 % en 2028 par rapport à 2012 contre 14 % dans les versions précédentes, ce qui va dans le bon sens. Reste que l'objectif est d'atteindre -20 % en 2030 et que le fossé va être également difficile à combler en seulement deux ans.
Enfin, le gel de la taxe carbone, qui a donné naissance au mouvement des Gilets jaunes, est confirmé. Il est précisé que "certaines [mesures] doivent être prises pour encourager les économies d’énergies et atteindre les objectifs climatiques, afin notamment de compenser le gel de la trajectoire de la taxe carbone initialement prévue".
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir la SNBC révisée
(2) Voir la PPE révisée
Tout l’effort est concentré sur 2024-2028
Cette annonce n’est pas une surprise. Dans sa réponse au rapport du Haut conseil pour le climat, dévoilée la semaine dernière, Édouard Philippe avait déjà fait savoir que "dans un souci de sincérité", le budget carbone 2019-2023 sera bien augmenté. Dans le détail, il passe à 422 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne par an, contre 398 millions prévus initialement en 2015.
En cause, un dépassement qui aurait pu atteindre les 6 % alors que le premier budget carbone avait déjà été dépassé de 3,7 %. "Cela conduit donc à réviser dans la présente stratégie le niveau global du deuxième budget carbone ainsi que sa répartition sectorielle, en ligne avec le nouveau scénario de référence et dans un souci de transparence, sans remettre en cause la capacité de la France à tenir ses engagements européens et internationaux", précise le document.
Sauf que cet ajustement est prévu pour être compensé au cours du troisième budget carbone, qui couvre la période 2024-2028. Celui-ci reste quasi inchangé par rapport à la première SNBC de 2015 à 359 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne annuelle. Cela signifie qu’entre 2024 et 2028, il faudra baisser nos émissions de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent, contre 41 millions prévus initialement, soit une baisse de 50 % supplémentaire. Un effort qui semble peu réaliste. À titre de comparaison, entre 2015 et 2018, nous avons réduit nos émissions de seulement 13 millions de tonnes.
14 réacteurs fermés et six nouveaux
De son côté, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) révisée (2) acte la baisse de la part du nucléaire à 50 % dans le mix électrique d'ici 2035 et la fermeture de 14 réacteurs, dont ceux de la centrale de Fessenheim. "Le principe général sera l’arrêt des 12 réacteurs (hors Fessenheim) au plus tard à l’échéance de leur cinquième visite décennale", précise le document, et "sauf exceptions, la décroissance du parc nucléaire ne devra conduire à l’arrêt complet d’aucun site nucléaire." La PPE ouvre par ailleurs la voie à la construction de six nouveaux EPR.
"La PPE est fidèle au principe de ce gouvernement : 'make nucléaire great again'", regrette Alix Mazounie de Greenpeace. Le texte prévoit également une baisse de la consommation finale d'énergie de 16,5 % en 2028 par rapport à 2012 contre 14 % dans les versions précédentes, ce qui va dans le bon sens. Reste que l'objectif est d'atteindre -20 % en 2030 et que le fossé va être également difficile à combler en seulement deux ans.
Enfin, le gel de la taxe carbone, qui a donné naissance au mouvement des Gilets jaunes, est confirmé. Il est précisé que "certaines [mesures] doivent être prises pour encourager les économies d’énergies et atteindre les objectifs climatiques, afin notamment de compenser le gel de la trajectoire de la taxe carbone initialement prévue".
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir la SNBC révisée
(2) Voir la PPE révisée
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À mi-mandat, le Réseau action climat (RAC) dresse le bilan climatique d’Emmanuel Macron. Si le président de la République s'est à plusieurs reprises illustré sur la scène internationale, dans l’Hexagone, de nombreux indicateurs sont au rouge et les belles promesses tardent trop à se...
"Au rythme actuel, la France a peu de chances de tenir ses engagements climatiques", selon le Haut Conseil pour le climat
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